Attirer la faune

Autheur: Albert Mondor

Fascinants colibris

De tous les oiseaux qu’on peut observer dans nos jardins, l’un des plus fascinants est sans aucun doute le colibri à gorge rubis, communément appelé oiseau-mouche.

Selon les auteurs, il existerait entre 320 et 330 espèces de colibris, vivants pour la plupart en milieu subtropical, exclusivement dans les Amériques. Seize espèces nichent en Amérique du Nord, mais seul le colibri à gorge rubis (Archilochus colubris), vit dans le nord-est des États-Unis et le sud-est du Canada. Cet oiseau se caractérise par sa petite taille – il ne pèse que 3 grammes et fait aussi peu que 8 cm de longueur –, par son aptitude à voler sur place et par son incapacité à marcher. Ses pattes lui permettent cependant de s’agripper fermement aux branches pour s’y percher. Le colibri à gorge rubis arbore un plumage tout à fait magnifique. Les plumes de son dos et de sa tête sont vert métallique, tandis que sa poitrine est blanche. Le mâle arbore un gorge de couleur rouge foncé, alors que chez la femelle elle est simplement blanche.

Les colibris ont un métabolisme particulièrement élevé. Leur cœur bat très, très rapidement, soit à plus de 1250 battements par minute ! Durant ce même laps de temps, un colibri au repos peut prendre jusqu’à 250 respirations. En outre, les colibris dépensent de grandes quantités d’énergie lorsqu’ils font du vol stationnaire. En volant sur place, ils arrivent ainsi à se nourrir du nectar des fleurs sur lesquelles ils ne peuvent pas se poser. Ces oiseaux ont également la capacité de décoller et d’atterrir à la verticale, de reculer en volant et même de voler à l’envers ! Plutôt lent lorsqu’il butine de fleur en fleur, un colibri à gorge rubis mâle peut battre des ailes près de 80 fois par seconde lors de certaines parades nuptiales ou d’accélérations le portant à plus de 75 km/h ! À la fin de l’été, avant d’effectuer sa migration vers l’Amérique centrale, le colibri à gorge rubis double son poids, passant ainsi de trois à six grammes. Pour se rendre dans ses quartiers d’hiver, qui se trouvent dans la péninsule du Yucatan, au Bélize et au Guatemala, il doit traverser le golfe du Mexique, ce qui représente une distance de plus de 800 kilomètres sans escale. Il effectue cette traversée en moins de 24 heures. Au printemps suivant, il retourne à son aire de nidification pouvant se situer dans certaines régions nordiques du Québec, telles que l’Abitibi et la Côte-Nord.

Un appétit insatiable

L’expression consacrée « avoir un appétit d’oiseau » – qui signifie, à tort, manger peu – démontre bien notre méconnaissance de la faune ailée. Dans les faits, la majorité des oiseaux ingurgitent d’énormes quantités de nourriture pour subvenir à leurs besoins. Ainsi, pour subvenir à leurs grands besoins en énergie, les colibris doivent manger plusieurs fois par heure, soit entre 5 à 8 fois. Chaque repas a une durée de 30 à 60 secondes. En moyenne, un colibri mange chaque jour une quantité de sucre équivalent à 50 % de son poids ! Les colibris trouvent tout ce sucre principalement dans le nectar des fleurs. Contrairement à la croyance populaire, les colibris ne sucent pas le nectar des fleurs. Ils lèchent le liquide sucré à l’aide de leur longue langue à raison de treize lampées par seconde.

Des fleurs pour attirer les colibris

Le colibri à gorge rubis est la seule espèce qui niche dans l’est du Canada. On l’observe fréquemment en Ontario, au Québec et dans les provinces maritimes. Toutefois, il est rare qu’on le retrouve dans les villes puisqu’il préfère les milieux forestiers. Ainsi, si votre jardin est situé à la campagne ou en banlieue, près d’une forêt, vous avez de bonnes chances de l’attirer chez vous. Toutefois, si vous souhaitez voir les colibris fréquenter votre jardin assidûment, ils doivent pouvoir y retrouver tout ce qui est nécessaire à leur survie, soit :

– De la nourriture, naturelle ou offerte dans des abreuvoirs

– Une source d’eau

– Des arbres et des arbustes servant d’abris et de lieux de nidification

Le liquide sucré qu’on met à la disposition des colibris, dans un abreuvoir conçu à cette fin, doit être composé uniquement d’eau et de sucre. Il n’est pas nécessaire d’ajouter quoi que ce soit d’autre, ni édulcorant, ni miel, ni teinture. Ce mélange doit être constitué de 125 ml (1/2 tasse) de sucre dissous dans 1/2 litre (2 tasses) d’eau. Assurez-vous de faire bouillir l’eau sucrée pendant une ou deux minutes et de la laisser refroidir avant de la verser dans l’abreuvoir. La proportion de sucre contenue dans ce mélange est semblable à celle retrouvée dans le nectar de plusieurs fleurs appréciées par les colibris. Évidemment, l’eau sucrée seule ne subvient pas à tous les besoins en énergie des colibris, mais ceux-ci complèteront leur menu en dévorant divers insectes qu’ils trouveront dans votre jardin.

Un bon moyen d’attirer des colibris dans votre cour est d’y aménager un jardin composé de plantes dont les fleurs produisent du nectar. La plupart des gens pensent que les colibris ne visitent que les fleurs rouges. Cette croyance est fausse, puisqu’il a été démontré que les colibris se nourrissent du nectar de fleurs aux couleurs, formes et dimensions les plus diverses. En outre, il est important que votre jardin soit planté d’arbres et d’arbustes, afin que ces oiseaux puissent se percher et trouver une ombre fraîche bienfaisante durant les chaudes journées d’été.  Plantez idéalement dans votre jardin des végétaux indigènes des Amériques. En plus d’être parfaitement adaptées à notre climat et de bien résister aux attaques des insectes et des maladies, de nombreuses plantes indigènes font partie intégrante de l’écologie du colibri à gorge rubis. En voici quelques-unes dont les fleurs produisent un nectar auquel le colibri à gorge rubis ne peut tout simplement pas résister.

Cœur-saignant ‘Luxuriant’

(Dicentra ‘Luxuriant’)

Hauteur : 30 cm

Largeur : 40 cm

Floraison : rose de mai à septembre

Ensoleillement : soleil, mi-ombre, ombre légère, ombre moyenne

Sol : riche et frais mais bien drainé

Rusticité : vivace rustique en zone 3

Fuchsia ‘Gartenmeister Bonstedt’

(Fuchsia ‘Gartenmeister Bonstedt’)

Hauteur : 75 cm

Largeur : 60 cm

Floraison : orange vermillon de juin à octobre

Ensoleillement : soleil, mi-ombre, ombre légère

Sol : riche et humide mais bien drainé

Rusticité : arbuste traité comme annuelle

Lantana Landmark™ ‘Citrus’

(Lantana camara Landmark™ ‘Citrus’)

Hauteur : 50 cm

Largeur : 60 cm

Floraison : jaune et orange de juin à octobre

Ensoleillement : soleil, mi-ombre

Sol : riche et frais mais bien drainé

Rusticité : arbuste traité comme annuelle

Lobélie du cardinal

(Lobelia cardinalis)

Hauteur : 90 cm

Largeur : 30 cm

Floraison : rouge de la fin de juillet au début de septembre

Ensoleillement : soleil, mi-ombre, ombre légère, ombre moyenne

Sol : riche et humide

Rusticité : vivace rustique en zone 2

Monarde fistuleuse

(Monarda fistulosa)

Hauteur : 1,20 m

Largeur : 60 cm

Floraison : rose en juillet et en août

Ensoleillement : soleil, mi-ombre, ombre légère

Sol : riche et frais

Rusticité : vivace rustique en zone 3

Nectar

À l’état de larve – c’est à dire lorsqu’ils sont encore chenilles –, les papillons constituent une source de nourriture importante pour de nombreux oiseaux et certains mammifères. De plus, certains végétaux comptent sur les papillons pour assurer leur pollinisation et ainsi produire leurs semences et leurs fruits. Pour les attirer, plusieurs plantes arborent des fleurs très colorées qui sécrètent une substance composée d’eau et de sucre appelée nectar. La grande majorité des papillons s’alimentent du nectar produit par les fleurs. Par ailleurs, quelques espèces de papillons étanchent leur soif en s’abreuvant de la sève des arbres ainsi que des fluides d’excréments ou de cadavres d’animaux. Ils vont ainsi obtenir les éléments nutritifs qu’ils ne trouvent pas dans le nectar.

En plus de planter des fleurs appréciées par les papillons dans votre jardin, vous pouvez les attirer dans votre jardin avec une substance sucrée constituée de bananes mûres, de mélasse, de cassonade et de bière badigeonnée sur le tronc des arbres et sur les pierres. Vous devez également fournir de l’eau aux papillons que vous voulez attirer dans votre jardin. Un simple bac rempli de sable détrempé fait habituellement l’affaire.

Plate-bande

Le meilleur moyen d’encourager les papillons à visiter votre jardin est d’y créer une plate-bande composée de plantes riches en nectar. Comme les papillons volent difficilement lorsqu’il vente beaucoup, il est recommandé de disposer votre plate-bande dans lieu très ensoleillé, bien protégé des vents dominants, du côté nord-ouest d’une haie, d’un massif d’arbustes au feuillage touffu ou d’une clôture recouverte de plantes grimpantes. En outre, les papillons recherchent les lieux tranquilles où ils ne sont pas dérangés lorsqu’ils butinent. Éloignez donc votre aménagement des rues, des trottoirs et des stationnements ainsi que des aires de jeux. Votre plate-bande doit par ailleurs être bien visible des fenêtres de votre maison si vous voulez profiter pleinement du spectacle. Enfin, après avoir mis tant d’efforts pour attirer les papillons, évitez de les tuer en utilisant inutilement des pesticides.

Plantes irrésistibles

Bien que de nombreuses plantes à fleurs produisent du nectar, les papillons sont davantage attirés par certaines d’entre elles. Leur emplacement, leur forme, leur couleur et leur odeur sont autant de facteurs qui peuvent influencer la fréquence et la durée des visites des papillons. Il semble que les fleurs à corolle profonde et les fleurs de couleur bleue, pourpre ou mauve, comme celles du buddléia (Buddleja davidii), de l’échinacée pourpre (Echinacea purpurea) ou de la liatride rugueuse (Liatris aspera) par exemple, sont particulièrement appréciées par plusieurs espèces de papillons. Gardez en tête qu’un aménagement composé d’une grande diversité de couleurs et de formes de fleurs exercera un plus grand magnétisme auprès des papillons. Si vous attirez des papillons chez vous, il vous faut aussi apprendre à tolérer les chenilles, car les uns ne vont pas sans les autres. Les chenilles sont très sélectives puisqu’elles se nourrissent d’une seule espèce de plante un d’un petit groupe de végétaux bien particuliers. C’est notamment le cas de la chenille du monarque qui mange uniquement les feuilles de l’asclépiade commune (Asclepias syriaca).

L’importance capitale des abeilles

La survie des êtres humains dépend directement de celle des abeilles. Sans ces insectes, nous mangerions peu ou pas du tout de cerises, de concombres, de courgettes, de fraises, de kiwis, de melons, de pêches, de poires, de poivrons, de pommes, de prunes et de tomates !

Il existe plus de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde. Parmi elles on distingue celles qui ont adopté un mode de vie solitaire, telles que les mégachiles (Megachila), et celles qui vivent en société, comme l’abeille domestique (Apis mellifera) et le bourdon (Bombus). Contrairement à ce que bien des gens pensent, la majorité des abeilles ont un mode de vie solitaire. D’autre part, bien qu’elle soit assez semblable, la guêpe n’est pas une abeille et fait partie d’une autre famille d’insectes. L’abeille possède un corps poilu et trapu, de couleur jaune doré et noire, tandis que la guêpe est glabre et son corps est allongé et très étroit entre le thorax et l’abdomen.

Importance capitale

La survie de plus de 80% des espèces végétales peuplant les écosystèmes naturels et la production de 84% des plantes cultivées par l’être humain dépendent des différentes espèces d’abeilles. En effet, sans ces insectes pollinisateurs, de nombreux végétaux n’arriveraient tout simplement pas à produire des semences et des fruits. Et, par conséquent, tous les animaux – dont l’être humain – qui se nourrissent de ces plantes ne pourraient pas vivre non plus. Albert Einstein allait même jusqu’à dire que : « Si l’abeille venait à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quelques années à vivre ».
 

Les abeilles sont donc essentielles pour :

– Polliniser les fleurs et permettre aux plantes de se reproduire

– Assurer la production de semences

– Assurer la production de nombreux fruits et légumes

– Maintenir ou accroître la diversité génétique des plantes

– Accroître la production de fruits et de légumes de certains végétaux

– Assurer la production de fruits et de légumes mieux formés

La contribution des abeilles en agriculture est considérable. La présence de ces insectes a une incidence directe sur le rendement de très nombreuses cultures. Plusieurs agriculteurs louent même des ruches qu’ils installent près de leurs champs afin d’obtenir de bonnes récoltes. Ainsi les abricots, les amandes, les cerises, les concombres, les courgettes, les fraises, les kiwis, les melons, les pêches, les pastèques, les poires, les poivrons, les pommes, les prunes, les tomates et les graines de tournesols sont produits grâce à la pollinisation effectuée par les abeilles.

De nombreuses expériences portant sur la pollinisation au Canada et ailleurs dans le monde. Dans le cadre de ces études, on a recouvert des fleurs de filets aux mailles très fines empêchant ainsi l’accès aux abeilles et on a placé des ruches à proximité. On a constaté que les plantes qui recevaient la visite des abeilles produisaient plus de fruits de meilleure qualité, car leurs ovules étaient tous ou presque tous fécondés. Les plantes dont les fleurs étaient recouvertes de filets portaient des fruits rabougris, car leurs graines ne parvenaient pas tout à fait à maturité.

Pollinisation

Parce que les abeilles se nourrissent principalement de nectar et de pollen, celles-ci dépendent directement des fleurs. C’est avec le nectar qu’elles récoltent dans les fleurs que les abeilles fabriquent le miel qui sert à nourrir la colonie. Le pollen, riche en protéines, figure également au menu de ces insectes. Pour plusieurs plantes à fleurs, c’est réciproque, elles ont également besoin des insectes pour assurer leur reproduction. En effet, pour se reproduire et se perpétuer, les plantes doivent faire en sorte que leurs éléments reproducteurs mâles – les grains de pollen – et leurs parties femelles – les ovules – se rencontrent. Cette rencontre s’avère parfois difficile lorsqu’une grande distance sépare deux plantes d’une même espèce. Pour favoriser leur fécondation, les fleurs produisent des milliers, voire des dizaines de milliers, de grains de pollen qui se déplacent à la rencontre des ovules, qui sont habituellement statiques. Les grains de pollen sont parfois de petite taille et d’une grande légèreté afin de pouvoir être facilement transportés par le vent. Ils peuvent aussi être de plus grande taille, collants ou hérissés d’épines, pour pouvoir s’accrocher au moindre support, comme le pelage d’un insecte par exemple. Une abeille qui butine quelques fleurs peut se couvrir en quelques minutes de millions de grains de pollen. Même si le pollen des plantes peut être transporté par le vent, l’eau ou par certains animaux comme les oiseaux, les abeilles et certains autres insectes, comme les papillons et divers coléoptères, demeurent les pollinisateurs les plus efficaces.

Les abeilles domestiques menacées

En Amérique du Nord et en Europe, on assiste depuis quelques années à un déclin important des populations d’abeilles domestiques et d’abeilles sauvages. Aux États-Unis, entre septembre 2007 et mars 2008, on a observé un taux de mortalité de 41% dans près de la moitié des colonies d’abeilles domestiques du pays. Les causes avancées pour expliquer ces déclins sont l’utilisation de pesticides de synthèse, la fragmentation et la perte d’habitats naturels, l’intensification de l’agriculture ainsi que la prévalence de parasites – dont le fameux acarien Varroa jacobsoni –, de maladies et autres pathogènes au sein des ruches. Certaines recherches sont également en cours afin de vérifier si les ondes émises par les téléphones portables n’auraient pas également un impact néfaste sur les abeilles.

Attirer les abeilles au jardin

Si vous cultivez diverses plantes potagères, comme les aubergines, les fraises, les concombres et les tomates par exemple, vous aurez absolument besoin de l’aide des abeilles pour obtenir de bonnes récoltes. Le meilleur moyen d’attirer des insectes pollinisateurs dans votre jardin ou dans votre potager est d’y planter des végétaux dont les fleurs produisent du nectar et du pollen en abondance. Plus votre jardin comprend d’espèces végétales diverses, plus vous augmentez vos chances de voir de nombreux insectes pollinisateurs le fréquenter. Plusieurs espèces de plantes produisent du nectar et du pollen dont se nourrissent les abeilles. Les plantes de la famille des composées, comme les achillées (Achillea), les cosmos (Cosmos), les échinacées (Echinacea), les rudbeckies (Rudbeckia), les verges d’or (Solidago), les tagètes (Tagetes) et la tanaisie (Tanacetum vulgare), figurent parmi les plus appréciées par les abeilles. Les végétaux de la famille des labiées, telles que la mélisse officinale (Melissa officinalis), l’hysope officinale (Hyssopus officinalis), les menthes (Mentha), les monardes (Monarda), la marjolaine (Origanum majorana) et les sauges (Salvia), sont également prisées par les abeilles.

Source : Conférencier invité le 13 février 2018 Monsieur Albert Mondor